top of page
Photo du rédacteurJo

La brutale descente aux enfers de la sélection polonaise part.1

Dernière mise à jour : 29 nov. 2023

Ceux qui pleurnichent et se lamentent au lieu de travailler au changement sont des pommes pourries qu'il faut jeter pour éviter que les autres ne se gâtent ” - Adam Nawalka

Lorsque que j'écris ces mots, nous sommes le 19 Novembre 2023. Il n’y a pas 48h de cela, la Pologne a encore fait un match nul calamiteux face à la République Tchèque, et sa dernière et seule chance de voir l’Euro 2024 sera à travers des barrages dus à son statut de pensionnaire de la Ligue des Nations A. Autrement dit, si qualification il y a, la Pologne l’héritera de ses performances passées, et non de son niveau actuel. Pourtant après le tirage au sort du groupe de qualification, on se félicitait de sa facilité. Mais, car il a beaucoup de mais avec la sélection, la Reprezentacja au bout du compte vient de finir 3ème de celui-ci, et aurait pu même finir 4e. Un résultat honteux, qui plus est lorsqu'on voit qu'elle doit plus de la moitié de ses points à ses deux victoires acquises difficilement face… aux Iles Féroé.


Alors, comment expliquer un tel marasme ?


Il ne s’agira pas ici de livrer un constat objectif, je laisse volontiers l’objectivité aux êtres omniscients, mais un constat honnête, se rapprochant le plus possible d’une certaine vérité selon mes critères préalablement définis. Mais tout d’abord, commençons par un petit retour en arrière.


2016 : le trompe l’œil?


Cet Euro 2016 a fait l’effet d’une bombe en Pologne, la sélection ne s’est pas qualifiée pour un Mondial depuis l’édition Allemande de 2006, et la dernière participation à l’Euro 2012 ne doit qu’à son organisation (co-organisation avec l'Ukraine). Trois petits points ramassés sur les deux dernières éditions de l’Euro, et deux dernières places. Néanmoins, on sent cette fois-ci une histoire différente. De la Pologne moribonde ayant raté la qualif pour le Mondial 2014, on passe à une Pologne flamboyante : 2ème de sa poule de qualification à un petit point des Allemands, Allemands battus 2-0, à la maison, au stade National de Varsovie. Lewandowski, icône, meilleur buteur des qualifications avec ses 13 buts, Fabiański au top de sa forme avec un Szczęsny qui le pousse à se surpasser, un Glik taille patron au Torino, Krychowiak radieux double vainqueur de l’Europa League avec Sevilla, Piszczek et Błaszczykowski au sommet de leur art avec Dortmund, et l’émergence des Milik, Zieliński et Kapustka.


Fot. Agz Cyfr


Cette fois c’est la bonne, cette fois la Pologne va briller. Et la Pologne a brillé. Un quart de final perdu aux tirs au but face au Portugal, l’équipe de Nawałka a un style tout en c******s, avec des morts de faim sur le terrain, une défense basse et agressive qui permet d’exploser en contre avec Grosicki et Błaszczykowski sur les côtés. Milik, lui, distribue et marque, Lewy prend la pression des défenses adverses et laisse ses coéquipiers fuser comme tant de flêches d'un arc acéré. Le collectif est huilé, l’équipe fait vibrer toute une nation qui se rassemble devant les écrans géants pour chaque match de ses nouveaux héros. Malgré l’élimination la nation peut être fière, la Pologne s'est replacée sur la carte de l’Europe du Foot. On pense alors l’histoire démarrée, le pays de retour sur le devant de la scène et un modèle de renouveau footballistique bien défini.


2018 – 2020 : la désillusion


Les qualifications pour la coupe du monde 2018 se déroulent comme dans un rêve, 25 pts sur 30 possibles dans un groupe modeste mais offrant une certaine adversité. Lewandowski à nouveau meilleur buteur des qualifs, avec un but de plus que Cristiano Ronaldo. La Pologne s’avance donc confiante pour cette Coupe du Monde 2018, en voulant appliquer les mêmes recettes qui ont fonctionné depuis trois ans. La réalité sera tout autre. Derniers d’une poule comprenant la Colombie, le Japon et le Sénégal, la Pologne est méconnaissable. Glik est épuisé, vidé par deux saisons monégasques où il aura disputé plus de 100 matchs toutes compétitions confondues, Milik revient de deux graves blessures aux genoux l’ayant tenu éloigné un an des terrains, les remplaçants manquent de caractère et ne sont pas prêts à prendre les commandes. Dès le 2ème match Nawałka change ses plans. Błaszczykowski, Piszczek et Milik sortent de l’équipe. La Pologne est tristement éliminée après seulement deux petits matchs.



Fot. PAP


Donnant l’impression que la fatalité est de retour. Après la Coupe du Monde, Nawałka est remplacé par Jerzy Brzęczek, oncle de Błaszczykowski. Dans une poule de qualification à l’Euro extrêmement facile, la Pologne sort à nouveau première, mais l’on voit une équipe ennuyeuse, se sortant des traquenards Israéliens, Lettons ou Autrichiens uniquement grâce à la nouvelle sensation Krzysztof Piątek (que l’on peut maintenant qualifier d’étoile filante). La Pologne de Brzęczek joue sur les qualités individuelles de ses joueurs, exit le collectif et le modèle de Nawałka.


Il n'est pire douleur que le souvenir du bonheur au temps de l'infortune.” - Dante Alighieri

La campagne de Ligue des Nations plantera le dernier clou dans le cercueil de Jerzy, pour qui le costume de sélectionneur est bien trop grand. Do widzenia Jerzy et « Dzień dobry » (to everyone) Paulo Sousa. L’année 2021 marque l’arrivée du Portugais à la tête de la sélection, lui qui jouit d’une réputation d’entraineur de haut niveau, malgré une dernière expérience extrêmement difficile aux Girondins de Bordeaux. On passe d’une équipe ennuyeuse à une équipe offensive et complètement déséquilibrée, marque de fabrique de Paulo Sousa.


Les matchs offensifs et spectaculaires se succèdent (3-3 en Hongrie, victoire 4-1 contre l’Albanie, 7-1 et 5-0 face à San Marin), mais également les premiers signes d'une défense à la dérive (défaite 2-1 à domicile face à la Hongrie, 2-2 face à l’Islande). Arrive alors ce qui devait arriver, la Pologne finit dernière de sa poule de l’Euro 2020 (ou 2021, donc). Le jeu offensif a disparu, reste une équipe sans saveur, des leaders pas au niveau et qui se tirent dans les pattes, un entraineur continuant de mettre en place des schémas tactiques tous plus loufoques les uns que les autres. Un petit point et puis s’en vont, amère ritournelle. Sousa finit tout de même la campagne des qualifs pour la Coupe du Monde 2022 avant de s'envoler, sans prévenir, au Brésil pour signer au Flamengo. Papa Polska, Bem-vindo Carioca. La Pologne devra se qualifier via les barrages, sans Sousa donc. Nouveau sélectionneurs, nouvelles histoires, Welcome Czesław « 711* » Michniewicz.


2022 : de mal en pis


L’année 2022 commence sur les chapeaux de roues. L’ancien entraineur de Legia et des espoirs est nommé entraineur de la sélection A. Un rebond inespéré pour lui, viré de Legia Warszawa quelques mois plus tôt pour des résultats désastreux et un manque de solutions notoire. La première conférence de presse est lunaire, les questions se portent majoritairement sur les liens du nouveau sélectionneur avec les affaires de paris et matchs truqués des années 2000. Des histoires vieilles de 15 ans qui vont tout au long de son mandat entacher et pourrir le projet de Michniewicz. Son projet pour la Reprezentacja est alors inaudible. La campagne de ligue des Nations est à nouveau catastrophique (12 buts encaissés en 6 matchs), la Pologne se qualifie tout de même pour la coupe du monde 2022 grâce à une victoire en barrage face à la Suède. Moder, Bielik, Zieliński ou Szymański semblent avoir pris leurs responsabilités, l’espoir renaît un peu.



Fot. Łukasz Skwiot / Cyfrasport


Malheureusement, la Coupe du Monde 2022 sera désastreuse en terme d'image. La qualification pour les 8èmes, anecdotique. Un match nul initial face au Mexique, avant de battre difficilement l’Arabie Saoudite et de supplier l’Argentine d’arrêter d’attaquer, pour pouvoir passer par la toute petite porte qu’est le goal average. Un scandale éclate également, lié aux négociations de primes de qualifications, au moment même où l’équipe aurait due être 100% concentrée sur sa compétition et ses matchs. Une piètre prestation et une élimination 3-1 face à la France plus tard, avec une équipe ne ressemblant absolument à rien, et surtout pas au collectif enthousiasmant de 2016, Michniewicz est remercié.


Le seul diagnostic venant de la fédération, malgré trois compétitions majeures ratées d’affilée, est que les entraineurs sont quasiment seuls responsables de ce marasme. Cette même fédération ayant grillé quatre sélectionneurs en quatre ans comme un fumeur compulsif allumant cigarette sur cigarette. Pour continuer sur ce rythme ardent, il faut donc nommer une pointure. Ce sera Fernando Santos, vainqueur de… l’Euro 2016, avec le Portugal, face à la France.


2023 : la honte finale


Fernando Santos étant plutôt connu pour avoir un style défensif et pragmatique, on peu y voir une tentative de retour aux sources, revenir aux fondamentaux inculqués par Nawałka huit ans plus tôt. Il n’en sera rien. Les prestations des Biało-Czerwoni sont catastrophiques, l’entraineur Portugais semble complétement dépassé et en manque de solutions, dommage pour un entraineur qui représente le record d’investissement de la fédération. Cinq petits matchs de qualifs et puis s’en va, Fernando Santos est remercié. Des défaites plus grotesques les unes que les autres (deux buts encaissés dans les cinq premières minutes en République Tchèque, trois buts encaissés en Moldavie après avoir mené 2-0, une défaite 2-0 en Albanie sans même avoir essayé).


“La Pologne? C'était une erreur. Chacun de nous (fédération, entraîneur, joueurs) à différents niveaux est responsable de cet échec” - Fernando Santos

La sélection est malade (étonnant n'est-ce pas?), et son médecin-urgentiste s’appellera Probierz, dont la meilleure qualité reste d’être un proche du président de la fédération. Une victoire face aux Féroé et deux matchs nuls à domicile face à la Moldavie et à la République Tchèque scellent le destin de cette assemblage de joueurs que l’on ose appeler une équipe. Le constat est là : Depuis la fin des qualifications pour la coupe du monde 2018, se sont enchainés sept sélectionneurs en six ans, 66 matchs pour un bilan de 28 victoires, 16 nuls et 22 défaites. 100 buts marqués pour 75 encaissés. 


Avec une constante inquiétante, perfide : la plupart des victoires et des buts marqués le sont face à des équipes (très) inferieures, comme San Marin ou les Iles Féroé, alors que dès que le niveau augmente, la Pologne est aux abonnés absents.


Alors, comment expliquer cette pénible descente aux enfers ? Tentative d’explication dans notre seconde partie à paraître demain!




95 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comentarios


bottom of page